Pauline Lecerf

TUT

Conférence performée

©Yves de Orestis

« (…) Un tableau façon paperboard, une voiture de la com’com et le vent qui s’invite dans la partie et qu’on entend souffler dans les enceintes posées de part et d’autre de la scène. Pauline s’avance au centre, et commence sa conférence sur le klaxon depuis ses origines à nos jours à travers ses fonctions, ce qu’il véhicule (sans mauvais jeu de mots), ce qu’il dit de notre état d’esprit depuis le je t’aime des voitures du Caire (où l’artiste habite) à la malle postale et son cor, en passant par le design sonore, la langue adamique (dont le klaxon qui est le seul élément d’une voiture à ne pas être modifié serait une forme de résurgence, un écho de cette monolangue des premiers temps).
Et à travers une série de chapitres tous nommés comme suit :
Je vais vite
Rage sur la route
Quelque chose
Egalisator
La grande fatigue linguistique
Autoroute des émotions
Je suis ici
(jeu)
J’avais scrupuleusement reproduit les différents exemples proposés lors de cette conférence, les rangeant bien comme il faut dans les différentes cases-chapitres que vous avez pu parcourir ci-dessus. A la relecture je me suis rendu compte que le résultat, en plus d’être particulièrement déceptif (comment rendre compte de tout ce qui a été dit ?), manquait par moment de justesse et risquait même carrément de casser le propos de son auteure. Je ne sais pas vraiment ce qui m’a poussé à laisser ces notes en suspens pendant plus d’un mois, avant de me décider aujourd’hui à les supprimer ? En guise d’élément de réponse, je me suis rappelé avoir eu la chance d’assister à la répétition menée la veille de l’ouverture du festival, le jour 0. Pauline avait présenté sa conférence avec à ses pieds, pour l’aider, des feuilles A4 sur lesquelles devaient se trouver ses notes. Je me demande si ce mélange d’images n’a pas influé sur ma manière de vouloir rendre compte de cette conférence-performée. J’ai peut-être essayé de faire à la manière de, ce qui n’était pas une bonne idée. Ce qu’il y a de bien, en revanche, avec les mauvaises idées, c’est qu’elles ont l’avantage, surtout quand on écrit, de pouvoir s’effacer. En laissant ces descriptions plus ou moins précises des propos tenus, j’avais sans doute essayé de m’approprier le contenu, mais c’est un peu comme réécrire par dessus un film, limite ça peut être intéressant, mais ce n’est clairement pas le sujet. J’ai donc fait le choix de supprimer toutes les annotations que je m’étais appliqué à noter, de cette coupe drastique je n’ai retenu que cette phrase, puisqu’elle en dit suffisamment long tout en restant complètement opaque sans aucun contexte supplémentaire : “peut-on caresser quelqu’un avec une pelle ?”.

La dernière partie de cette conférence est un jeu : nous avons toustes avec nous un flutiau, un flutiau taillé dans des sections de bambous plus ou moins longues et plus ou moins grosses. Ces flutiau, nous les avons récupérés avant le départ de la conférence dans le coffre de la voiture de la com’com et nous avons pour consigne de nous en servir comme unique moyen d’expression. C’est le jeu que Pauline a nommé du “Je suis ici” : chacun·e se disperse dans les environs du festival et au signal donné (un coup de klaxon) nous avons pour consigne de nous retrouver en n’utilisant que le simple son de notre flutiau. »

 retrouvez ici l’intégralité du texte de Robin Garnier-Wenisch

©Yves de Orestis
©Yves de Orestis